Généalogie de A à Z

En novembre 2022, j'ai participé au challengeAZ, en publiant un article sur un thème commençant par une lettre différente chaque jour. J'essaie d'aborder différents sujets pour en donner un aperçu, avec l'esprit de synthèse qui me caractérise (clin d'œil à ceux qui me connaissent). Certains sujets sont généraux, d'autres plus ciblés sur mon secteur de recherche des deux côtés de l'ancienne frontière entre Lorraine et Alsace, et traversé par une frontière liguistique millénaire.

Fil des billets

mercredi 26 octobre 2022

A comme : Ah bon, Associations, Alsace

Ah bon, tu fais de la généalogie ?

"La généalogie, c'est un loisir de vieux." voilà ce que j'ai souvent entendu lorsque j'ai attrapé le virus de la généalogie et que j'ai commencé mes recherches, à l'âge de 17 ans. Qu'est-ce qui peut bien pousser un étudiant, scientifique qui plus est, à se lancer dans l'étude des filiations ? Dans mon cas, ce fut la curiosité, titillée par la chronique hebdomadaire dans la presse régionale (le Républicain Lorrain), puis alimentée par les premières découvertes. En 25 années, j'ai vu beaucoup de changements dans les outils utilisés, et j'y contribue avec mon logiciel GeneAPP et différentes bases de données associatives. Comme nous allons le voir au fil des articles, la généalogie ouvre à plein d'autres disciplines : Histoire, géographie, héraldique, patrimoine, voyages et échanges. On commence par des recherches généalogiques, puis certains bifurquent vers une de ces disciplines voisines, au gré de leurs affinités.

Associations

La généalogie étant un loisir (pour moi en tout cas), autant se regrouper avec d'autres personnes, afin de partager nos trouvailles, et souvent on se découvre même des ancêtres en commun. Les membres expérimentés aident les nouveaux entrants. Beaucoup d'associations couvrent un territoire (arrondissement ou département), certaines sont spécifiques à certaines professions.

Quelques liens :

Lorraine Union des Cercles Généalogiques Lorrains...
MoselleCercle généalogique de Moselle...
Meurthe-et-MoselleCercle généalogique de Meurthe-et-Moselle...
EuroPActes...
Cercle généalogique d'Alsace...
GenVerrEGenVerrE... (Généalogie des Verriers d'Europe)

geneanetGénéaNet...
cousinsgenwebFranceGenWeb...

 

Alsace

Comment ne pas évoquer l'une des régions de mon secteur de recherche ? La généalogie permet de redécouvrir l'Histoire en apprenant des particularités locales absentes des manuels scolaires.

Tout est dit dans la page que Wikipedia y consacre. L'Alsace est une région à l'identité forte. Le téléfilm Les Alsaciens ou les deux Mathilde (en 4 parties) décrit les 4 changements de nationalité subis entre 1870 et 1945 (le département de la Moselle a subi les mêmes vissicitudes), une phrase résume bien cette partie de l'Histoire : "Les français et les allemands ne font que passer, l'Alsace reste l'Alsace". Les alsaciens sont un peu chauvins, mais attachants. Côté généalogie, on retiendra l'écriture redoutable à déchiffrer avant l'époque napoléonienne, et la période allemande 1871-1918 qui est un test de motivation pour les débutants. Pas de jaloux, nous parlerons aussi de la Lorraine quelques pages plus loin !

Insistons sur l'Alsace bossue : architecturalement, c'est le chaînon manquant entre l'Alsace et la Lorraine, les anciennes maisons sont accolées comme en Lorraine, et peintes avec des couleurs plutôt vives comme en Alsace. Lors de la création des départements français pendant la période révolutionnaire, suite au rattachement de l'Alsace bossue au département du Bas-Rhin, la limite entre les départements de Moselle et Bas-Rhin est on ne peut plus tortueuse, certains projetaient un département supplémentaire centré sur la vallée de la Sarre, mais ceci n'a jamais abouti.

mardi 25 octobre 2022

B comme : B.a. ba - conseils et méthodes de recherche

B.a. ba - conseils et méthodes de recherche

Dans un premier temps, il faut questionner (patiemment mais sans relâche) les personnes vivantes pour recueillir les renseignements connus (à commencer par les personnes les plus âgées), et rassembler les documents existants : le mieux est de demander à recopier les livrets de famille (document instauré en 1880), source généalogique très complète mais privée.

On peut se rendre dans les cimetières pour lire les noms sur les pierres tombales, et rechercher rapidement une personne et sa proche famille. Ensuite les recherches se poursuivent dans les mairies, où on peut vérifier les dates communiquées verbalement, et compléter ses données sur les personnes ayant quitté la commune. Les actes de moins de 75 ans sont communicables seulement sur justification du lien de parenté. Il faut aussi remonter deux générations et traverser la période allemande 1871-1918 à l'écriture gothique. Ce sera l'occasion de se familiariser avec les tables décennales et les registres d'État Civil.

Puis vient le moment de se rendre aux Archives Départementales (physiquement ou par internet). Les actes de moins de 75 ans ne sont pas communicables, mais on peut voyager dans le temps et dans l'espace sans se déplacer à l'autre bout du département. Tout en remontant dans le temps, il faudra se focaliser sur les actes de mariage et traduire le calendrier révolutionnaire (1793-1806). On pourra se rendre compte de la diversité des documents qui y sont conservées.

Avant 1793, on regarde les registres paroissiaux. L'écriture est de plus en plus difficile à déchiffrer, et il n'y a souvent pas de tables décennales ni de listes à travers le registre. On progresse donc plus lentement. Heureusement, les passionnés de généalogie ont dépouillé les actes de mariages et en ont dressé des listes par commune, et des bases de données. On remarquera alors que les registres ont démarré à des années différentes selon les communes. On peut aboutir à des mariages à la fin du 17e siècle.

Si on veut poursuivre plus avant dans le temps, il existe les archives notariales, mais à ce stade les résultats arrivent moins vite : on peut parcourir une reliure sans qu'il en ressorte d'information utile pour la branche recherchée.

On peut aussi consulter des monographies : ce sont des publications traitant de l'Histoire d'une commune en particulier. Ce type d'ouvrage retrace le passé d'une commune et de ses habitants. On peut y trouver des listes de recensement, des photos anciennes, ou même une généalogie patronymique, si un nom est très fréquent dans un village.

À toutes ces étapes, il faut noter les noms ou cotes des documents consultés (même quand on n'a pas trouvé ce qu'on cherche), prendre en photo les documents (sans flash) ou enregistrer la page internet en fichier PDF. Ceci permettra de lever le moindre doute en revérifiant la source lorsqu'on découvre une piste douteuse sur certains sites communautaires.

Autres sources utiles au généalogiste : (liste non exhaustive)

Guides de recherche de la Revue Française de Généalogie

lundi 24 octobre 2022

C comme : Chansons

Chansons

La généalogie ouvre à beaucoup d'autres disciplines, même à la musique (Chopin a fini sa vie dans les Vosges, et on peut aussi citer les Strauss). Aujourd'hui je propose quelques chansons célèbres en lien avec la généalogie :

dimanche 23 octobre 2022

D comme : Dater une photo de famille

Dater une photo de famille grâce à la généalogie et à l'Histoire

Dans un vieil album photo, nous avons retrouvé une photo de famille de mes arrières-grands-parents et 4 de leurs filles. Sachant que ce couple a eu 8 enfants qui ont vécu jusqu’à au moins 40 ans, il manque donc 4 de leurs enfants sur la photo : 1 femme et 3 hommes. Où étaient-ils ?

Les recherches généalogiques m'ont appris que cet arrière-grand-père décéda le 7/1/1944, précédé par une de ses filles le 29/11/1943, c’est donc elle qui manque sur la photo, et donc cette photo avait été prise dans la période de 40 jours entre ces 2 dates.

Et les 3 jeunes hommes ? C’était la Seconde Guerre Mondiale, ils étaient soldats dans l’armée.

On voit donc que les absents sur les photos de famille ont aussi des choses à nous raconter, il faut prendre le temps de chercher pour trouver la clé.

samedi 22 octobre 2022

E comme : Émigration

L'émigration

Là on va mixer l'Histoire et la géographie, il y a beaucoup de choses à dire, et encore plus à approfondir si ce sujet vous intéresse ! Bonne lecture, c'est l'article le plus long.

L'émigration vers les États-Unis d'Amérique

Cette partie est extrait d'un de mes articles publiés dans le bulletin annuel de mon cercle local, le C.G. Pays de Sarrebourg et Saulnois.

Nous allons nous intéresser à l'émigration au XIXe siècle des habitants d'un petit village agricole à côté de Sarrebourg, principalement vers l'État de l'Illinois. C'est le flux d'émigration le plus important pour le secteur du sud mosellan.

Les conditions de l'émigration

En général, pour qu'une population migre, il y a de mauvaises conditions de vie dans le lieu de départ, et de meilleures conditions dans le lieu d'arrivée.

Pour les mauvaises conditions, citons :
- les mauvaises conditions météorologiques qui entraînent de mauvaises récoltes et la famine qui s'ensuit : des étés caniculaires signalés en 1818, 1819, 1821, 1825, 1826 et 1846, la sécheresse en 1842. En 1840, il y a une famine en Allemagne et en Irlande. Dans les années 1845 à 1847 : de mauvaises récoltes dues au mildiou et à la brunissure de la pomme de terre ont aggravé la situation. Au rang des calamités agricoles, on peut aussi citer le phylloxéra qui a anéanti le vignoble en Lorraine au début du XXe siècle.
- les épidémies : en 1832-1833 la grippe ou le choléra (selon les sources), puis le choléra de 1834 à 1837 et de nouveau en 1849 et 1854 (plusieurs pandémies en Europe de 1817 à 1824, puis de 1829 à 1859). La tuberculose est à son apogée entre 1780 et 1830, c'est la première cause de mortalité en Europe de l'Ouest. Sans le savoir, les migrants vont emporter cette terrible maladie avec eux en Amérique.
- l'instabilité politique ou la guerre : en 1840, une crise politique secoue les États allemands qui n'étaient alors pas encore constitués en un pays unique. En 1848, c'est le Printemps des peuples dans plusieurs pays d'Europe, ces révolutions échouées poussent certains opposants politiques à quitter leur pays. Plus précisément en France, la révolution de 1848 fait chuter la Monarchie de juillet, et instaure la IIe République, qui fut de courte durée car en 1851, l'empereur Napoléon III prend le pouvoir par un coup d'État. en 1864 et 1866, des guerres ont secoué la zone prussienne. En 1871, le Traité de Francfort donne l'Alsace et la Moselle actuelle à l'Allemagne fraîchement constituée. Environ 10 % de la population a exercé son droit d'option en quittant le territoire régional pour conserver la nationalité française. Dans les années qui ont suivi, certains jeunes hommes refusant de servir dans l'armée allemande ont alors décidé de changer de continent. La guerre civile aux États-Unis (ou guerre de Sécession) de 1861 à 1865 a temporairement ralenti le rythme de l'immigration, principalement dans les États du Sud (et ainsi à La Nouvelle Orléans).
- la pauvreté : la France est réputée pour être un pays où les impôts sont élevés. Les progrès techniques du XIXe siècle n'ont pas été accompagnés de progrès sociaux. Dans le milieu agricole, ce sont surtout les difficultés économiques dues aux mauvaises récoltes qui ont poussé les cultivateurs à rechercher une terre meilleure.
- l'encouragement, voire l'appel à la migration, de la part d'agences ou de parents proches déjà établis dans le pays d'arrivée. Des réunions publiques se tenaient, parfois clandestinement car réprimées par les pouvoirs publics qui étaient incapables de contenir le flot des émigrants, et les candidats à l'émigration recevaient tous les conseils nécessaires pour entreprendre le déplacement. Les parents proches payaient souvent le voyage aux suivants, et pouvaient leur procurer un logement et un emploi.
En résumé, le portrait-type de l'émigrant dans le cadre étudié est un jeune homme célibataire, de métier agricole ou artisanal, et vivant dans la misère.

De l'autre côté, un cetains nombre de conditions avantageuses ont attiré les candidats vers les États-Unis :
- En 1864, le Homestead act permet à chacun d'acheter jusqu'à 64 hectares de terrain (160 acres) pour un prix équivalent à 200 € d'aujourd'hui, après 5 années d'occcupation. C'est l'ouverture de l'ouest à la colonisation.
- Les colons étaient exemptés d'impôts durant les premières années après leur installation.
- Une terre plus fertile, qui promet de meilleurs rendements pour la production agricole (par exemple la terre de l'Illinois est la plus fertile).

Le voyage

Sachant qu'ils ne reviendraient probablement jamais revivre au village, et ayant besoin d'un pécule (et parfois de solder quelque dette), les migrants vendent tous leurs biens, ce qui a généré des actes notariés qui peuvent donner des détails intéressants.

Avant de quitter leur village natal, les candidats à l'émigration devaient demander un passeport intérieur pour se rendre au port d'embarquement. Le voyage jusqu'au port se déroulait en charrette, puis en train une fois les lignes de chemin de fer construites (1852 pour la ligne Paris-Strasbourg), ce qui a réduit le coût du voyage "intérieur". Dans de rares cas, certains avaient déjà trop dépensé pour pouvoir embarquer sur le navire, d'autres ont traîné dans une auberge et y ont épousé la fille du tenancier, et ne sont jamais partis outre-Atlantique. Parfois il fallait encore gagner quelque argent pour compléter son pécule, ce qui explique que certains sont restés quelques mois près de la côte pour travailler sur place avant d'embarquer.

Avant 1819, les ports hollandais étaient majoritaires pour les migrants allemands. Avant 1871, les français partaient surtout du port du Havre. Après 1871, l'Alsace-Moselle étant devenue allemande, le voyage se faisait principalement à partir de Brême.

Au XVIIe siècle, la traversée de l'océan Atlantique Nord durait entre 10 et 12 semaines, et se faisait sur un voilier. Au XIXe siècle, la durée était réduite à 6 semaines. Les bateaux étaient propulsés par des roues à aubes à partir de 1838, puis par des hélices, et leur structure est passée du bois à l'acier. Le voilier Clipper a établi un record en 2 semaines.

La plupart des navires étaient surtout utilisés pour le transport de marchandise (coton, tabac), les conditions d'accueil des voyageurs à bord étaient de ce fait très mauvaises. La traversée de l'océan Atlantique n'est pas un long fleuve tranquille : une épidémie pouvait survenir à bord, les tempêtes, la famine, la mort, et on parle parfois de cannibalisme au XVIIIe siècle.

Arrivée des immigrants sur le territoire américain, et en particulier dans l'Illinois

La ville de New-York est le principal port d'entrée aux États-Unis (plus de 60% des migrants). En 1892 ouvre le centre d'accueil à Ellis Island (île en face de New-York), ses archives sont consultables sur internet. A partir de 1907, les États-Unis mettent en place des lois visant à freiner l'immigration. Les registres d'immigration et les recensements mentionnent parfois mal la région d'origine des immigrants germanophones originaires du pays de Sarrebourg, il est parfois simplement écrit Allemagne.

La Nouvelle Orléans est le deuxième port d'entrée. Les migrants remontaient ensuite le fleuve Mississipi à bord d'un bateau muni d'une ou deux roues à aubes actionnées par une machine à vapeur. Pour des questions de climat et du fait qu'ils sont majoritairement opposés à l'esclavage (pratiqué dans les États du Sud avant la Guerre de Sécession), les migrants français et allemands ont préféré poursuivre leur route vers le Nord jusqu'à Saint Louis, Belleville, Cincinnati, et sur l'Ohio aux limites de la Pennsylvanie, contrées dans lesquelles ils ont trouvé des communautés originaires des mêmes régions (ce qui simplifie l'installation et les premiers temps de cette nouvelle vie).

Les migrants ont emporté leurs traditions, leur culture et leur langue. On entend encore aujourd'hui parler alsacien aux États-Unis, et la choucroute est encore appréciée à table. Henri Castro a fondé au Texas une colonie d'Alsaciens et Lorrains appelée Castroville (c'est près de San Antonio, là on situe mieux, merci Tony Parker).

A Belleville dans l'Illinois arrivèrent des migrants originaires de France, d'Allemagne et d'Angleterre.

Les migrants sont restés tiraillés pendant tout le reste de leur nouvelle vie entre leur terre d'accueil et leur patrie d'origine, on pourrait presque dire entre les trois cultures américaine, française et allemande. Ils étaient fermiers, jusqu'à ce qu'une mine de charbon soit exploitée à St Clair County.

Le Dr Kay Carr du département Histoire à l'Université de l'Illinois Sud a recensé 49 alsaciens résidant à Belleville en 1850 (6 000 habitants alors). En 1860, le nombre d'alsaciens à Belleville grimpe à 217 (il a quadruplé en 10 ans). En 1874, la population de Belleville comptait 12 000 habitants, il y a donc eu doublement en seulement 24 ans.

Conclusion

Avec cet article, nous avons voulu faire une synthèse de tout ce qui a déjà été écrit sur le vaste sujet de l'émigration et de l'immigration, même si nous avons limité notre périmètre dans le temps et dans l'espace. Les lecteurs qui auront envie de poursuivre leur exploration pourront en lire davantage dans les ouvrages et pages internet ci-dessous.

Sources et ressources

Douglas K Meyer : Making the Heartland Quilt (A Geographical History of Settlement and Migration in Early-Nineteenth-Century Illinois), Southern Illinois University Press, 2016

Tina Marie Schrader : 19th Century German Immigration to America: Paul Müller's Search For a Better Way of Life, Southern Illinois University Carbondale, 1990

Norman Laybourn : L'émigration des alsaciens et des lorrains du XVIIIe au XXe siècle (2 tomes), Association des publications près les universités de Strasbourg, 1986 ; il manque juste le flux du pays de Sarrebourg vers l'Illinois, sinon c'est captivant à lire

Denis Brunn : L'émigration des Lorrains en Amérique 1815-1870 (3 pages) in Les Cahiers Lorrains n°2/1980

Camille Maire : L'émigration en Amérique des juifs du pays de Phalsbourg (11 pages) in Les Cahiers Lorrains n° 2/1986

Camille Maire : Émigration en Amérique : deux témoignages (14 pages) in Les Cahiers Lorrains n°2/1991

Jean Houpert : L'émigration des Lorrains en Amérique 1815-1870

Nos ancêtres vie et métiers n°77 : Nos ancêtres et le rêve américain, Martin média, jan-fév 2016

Lorraine sans frontières, La Lorraine terre de migrations et de passages, L'Est Républicain (Nancy) 2016

Jean-Claude Koffel : Les anabaptistes de l'arrondissement de Sarrebourg, Société d'Histoire et d'Archéologie de Lorraine section de Sarrebourg, 2017

Romain Belleau : Lorrains en Amérique, in Revue Généalogie Lorraine n° 200 et 201, 2021

Les saisons d'Alsace n°91 : Le Rêve américain, éd. La nuée bleue, fév 2022

Jean Fleury † : Les Lorrains en Amérique

familysearch.org

genealoger.com

cartograf.fr

amct.pagesperso-orange.fr

zum.de

thoughtco.com
thoughtco.com

carrefours.alsace

L'émigration vers l'Algérie

Cette émigration avait été promue par les autorités françaises, débordées par la fuite des bras vers l'Amérique. Les émigrants voulaient partir, autant les convaincre de se rendre dans un territoire français (l'Algérie avait été conquise en 1830). Peu de candidats vers cette destination, citons un homme de mon village parti avec femme et enfants, lesquels décèdent sur place, et le courageux fut rapidement de retour au village pour se remarier. Après la guerre d'Algérie (1954-1962), les pieds-noirs rentrèrent en France, on les trouve principalement situés dans la moitié sud du pays, on peut ainsi suivre certaines lignées familiales qui ont fait l'aller-retour à quelques générations d'écart.

Bibliographie :
Saisons d'Alsace n° 86 : Alsace Algérie

L'émigration vers l'Amérique latine

Le dialecte francique de Moselle est parlé par plus de 2 millions de personnes dans le monde, donc il déborde les limites du département. L'endroit où il est le plus parlé est en Amérique latine !

Citons la famille de Jean Georges ESSIG, né en 1829 à Schweighouse (Bas-Rhin), il partit à Buenos Aires (Argentine) où naquit son fils Georges en 1859. Mais une épidémie frappa en 1871 et le père décéda. Le fils rentra en France et se maria en 1883 à Blainville (Meurthe-et-Moselle) puis en 1912 à Haguenau (Bas-Rhin).

Le francique de la vallée de la Sarre (vous pourrez exercer votre prononciation)

L'émigration vers le Banat

Cette émigration a surtout eu lieu au XVIIIe siècle (de 1719 à environ 1780).

Le Banat est une région à cheval sur la Roumanie (autour de Timisoara), la Serbie et la Hongrie. L'avantage de cette destination était d'arriver dans une zone germanophone catholique, reconquise sur les Turcs par l'empire austro-hongrois en 1718 (les ducs de Lorraine en tête d'armée, c'est une autre histoire), avec d'autres migrants venus de Bavière et Bade-Wurttemberg.

En Serbie, les noms des communes ont été slavisés, et sont devenus des lieux-dits de communes, ce qui complique la localisation. Par exemple, Saint-Hubert est devenu Szentubert, commune de Banatsko Veliko Selo.

le départ se faisait clandestinement, certains émigrants s'étaient mariés de nuit à Phalsbourg, puis tous partaient vers l'Est pour traverser l'Alsace et la Forêt Noire. Ensuite le voyage se faisait en bateau sur le Danube jusqu'à Vienne (Autriche), où on trouve des archives à ce sujet, et de là les migrants étaient répartis sur 4 zones (Banat, Batschka, Galicie, Russie). Le nombre de ces migrants est estimé à 50 000. Les terres marécageuses étaient infestées de moustiques, d'où beaucoup de décès à cause de la malaria.

Le traité de Versailles en 1919 coupe le Banat en 3 sans consultation de la population. En 1942, les nazis envahissent les pays concernés ("puisqu'il y a des gens qui y parlent allemand") et forcent les banatais à rejoindre les rangs de l'armée allemande. Puis le communisme de Tito déporte une grande partie des habitants. Sur 2 millions de banatais, il reste alors moins de 100 000 personnes.

Ces rescapés se sont réfugié l'Europe de l'ouest, en passant par Vienne et Munich, puis beaucoup sont partis vers des pays lointains : États-Unis, Canada, Australie, Brésil, Argentine. La France en a accueilli une partie près de Colmar (Haut-Rhin) et à La Roques sur Pernes (Vaucluse). Citons un ancien maire de Budapest qui a des racines au pays de Sarrebourg, et qui y est venu en visite en 2008.

Des mémoires et des vies, Le périple identitaire des Français du Banat, Smaranda Vultur
L'épopée tragique des Lorrains partis pour le Banat, Louis Kuchly (2 parties)
L'étonnant destin des Français au Banat, Pierre Gonzalvez
Article dans l'Est Républicain du 07/11/2019
Les Lorrains du Banat, Hélène Say 2021

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